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<Un lieu inaccessible aux esprit lourd, non loin de Galaxy City>

Le cœur de Luke battait la chamade, il était de nouveau dans la pièce aux murs gris et lisses, Cette fois-ci il n’était pas seul : spectateur de sa propre chute, debout près de son double, il contemplait son corps tendu, ses muscles bandés prêts à se déchirer, en vain il tentait de s’arracher aux lanières de cuir qui le liaient inexorablement au siège capitonné. Il senti sa conscience affolée s’effondrer à mesure que l’injection faisait effet. Laissons agir le composé », dit l’homme en blouse blanche. Tous trois quittèrent la pièce, laissant le double de Luke se débattre pour lutter contre l’anéantissement de sa force et de sa volonté. Curieusement il entendit les voix secrètes de ses trois tortionnaires, des murmures délocalisés comme des paroles lancées sous une voûte humide, des pensées superficielles et fugaces. Enfin seuls…

Il se fit apaisant pour son double malmené et l’enveloppa de sa pleine conscience, dominant l’esprit affaibli pour chasser ses souffrances, il le projeta dans ce lieu infini et calme, flottant dans l’extase du néant. Ils revenaient, leurs pensées les précédaient au travers la porte, un flot noirâtre, comme une nuée d’insecte, ils étaient déshumanisés, seul ce travail leur importait. Il fallait le sauver, Luke sauverait son double, il appliqua son pouvoir sur lui, enchâssant son pouvoir en lui, argile ductile, il le préserverait : il le chassa du paysage mental, rayant son nom de la réalité, Luke n’existe pas.

« Ou est-il ?! C’est impossible ! Garde ! », le scientifique horrifié éructait sa surprise indignée, comment cela était-il possible ? Cette pièce était pourtant sécurisée, il n’avait pu s’échapper. La demi-douzaine de garde présents et constatant comme tous l’absence de son double fit s’épanouir un sourire sur le visage de Luke, son double était là, sa puissante suggestion aussi.

<Galaxy City, chambre de Luke, prison hotel du S.O.S>

Ses réveils étaient toujours difficiles, s’arracher au sommeil apaisant était une action traumatisante, systématiquement. Ses capacités s’étaient accrues, son acuité mentale allait grandissante, et les pensées tournoyantes autour de lui étaient comme autant d’insectes lourds et grossiers. Karellia avait été la première à lui faire pleinement prendre conscience du phénomène, la voix de son esprit fort s’était brutalement insinuée en lui, les images qui avaient franchi le seuil de sa psyché étaient boulversantes d’horreur. Il devait maîtriser cela, il en allait de son équilibre mental.

L’occultation mentale fonctionnait, Le lieutenant ne retrouvait pas sa tasse de café, quelle jubilation… Karellia avait disparu de manière ahurissante, laissant les militaires pantois. Cela fonctionnait à merveille seulement… les dispositifs mentaux dont étaient équipés leurs matons brouillaient sa volonté : essayer de leur appliquer cette suggestion c’était comme attraper une anguille visqueuse, leur psyché était trouble et glissait entre les mailles de son pouvoir. Curieux… Leur salut dépendrait sans doute un jour de la confiance qu’ils étaient prêts à lui accorder, ils leur faudrait s’ouvrir à lui, à sa plus grande satisfaction…