<ligne téléphonique cryptée, conversation entre deux personnes>
[...]
X - "Je pense qu'il ne faut pas le mêler aux autres aussi rapidement, faîtes comme bon vous semble mais je ne vous garantie pas sa stabilité."
Y - "Mais où est le risque ? Les inhibiteurs ne fonctionnent-ils pas parfaitement ? En cas de danger il y a toujours la possibilité de lui administrer des dérivés anti-dopaminique, d'après le rapport l'effet est très net. Sincèrement je ne vois pas ce qui pourrait clocher. Par ailleurs notre ligne budgetaire n'est pas aisément modifiable."
X - "J'en conviens mais... Songez que si vos agents sont protégés, il n'en est pas de même des autres membres de votre groupe et à plus forte raison des citoyens de la ville. Je vous recommande vivement de tester sa loyauté."
Y - "Oui bien sur sa trahison est une possibilité", la phrase reste en suspend, songeuse. "Que proposez-vous ? ".
X - "Je vous suggère de l'envoyer en mission restreinte, d'après nos experts son comportement devrait être le même que celui qu'il aura dans un groupe plus important. Par ailleurs, ne devriez-vous pas également tester l'agent...", un bruissement de papier, "... Javievski en situation de crise ? C'est une occasion potentielle si "Memento" joue les anguilles."
Y - "Je tiendrai compte de vos avertissements. Vous avez assuré votre rôle au-delà de ce qui vous était demandé, j'apprécie grandement et je vous recontacterai, un second versement pour prestation exceptionnelle sera effectué."
<Dans les entrailles de la ville, 38°C, 95% d'hygrométrie>
Le sergent semblait ravie, elle pataugeait, satisfaite, comme un goret joyeux dans sa bauge. Leur première mission... C'est avec dégout qu'il l'avit suivi dans les égouts, s'éloignant pourtant avec plaisir dur bourdonnement incessant des pensées du monde de la surface. Son esprit lui semblait plus léger malgré la moiteur crasse des égouts, cependant l'odeur ignominieuse qui s'incrustait dans leur vêtements le détournait d'une éventuelle séreinité : impossible d'être à l'aide pour lui. Il suivi, contraint, l'amazone bondissante et ruisselante de liquide sombre et malsain. Comment pouvait-elle supporter tout cela ? Voir ses jambes nues et musclées immergées dans l'eau poisseuse, imaginer ce contact infâme lui donnait déjà la nausée.
Il avançait malgré tout, parcourant les couloirs ruisselants en se cantonnant aux bordures aménagées. Que cherchaient-ils ? Il ne l'avait écouté que d'une oreille distraite, il la méprisait. Elle avait tenté d'être sympathique mais il l'avait immédiatement rembarrées, ils n'étaient pas du même monde, pour qui se prenait-elle ? Il était là contre son gré, il n'avait pas eu le choix : finir en légume ou bosser un temps pour une obscure agence gouvernementale, alors qu'elle semblait être une militaire de carrière, simple et obéissante, une garde-chiourme ! Coopérer, du moins pour l'instant. Les drogues qu'il avait reçu avaient cessé de faire effet, ses dons lui revenaient, petit à petit. Faire quelques unes de ces opérations douteuses lui permettrait sans doute de les affermir, il pourrait alors s'affranchir et leur faire payer.
Enfin il entendit des voix, les paroles du sergent lui revinrent, ils venaient ici libérer des otages... Otages de qui ? Qu'importe. bien vite ces mercenaires oublieraient leur animosité. Une vaste salle, un grand collecteur, un immense bassin sanieux et ces... choses... au milieu, une femme effrayée à leur côté. L'esprit de la femme il l'avait ressenti, sa détresse intense était comme un phare, mais celui de ces créatures... Le récit de Mary Shelley lui revint en mémoire : des chairs cousues les unes aux autres, des membres difformes et étrangers les uns aux autres, une vision scandaleuse et impie. Mais le pire était à venir, les chuitements étouffés qu'il entendait siegeait dans son esprit, ces chimères avaient une pensée bâtarde et emplie d'obscurité, nulle trace d'humanité, rien de ce que l'on peut ressentir au travers la psyché du pire criminel, une envie simple et dévorante de chair humaine, un mal brûlant et insatiable. Un viol pour lui de pénétrer en eux. Rencontre qui grave en lui un souvenir immarcescible, la sensation d'une mort lente et pleine d'agonie, sur sa langue le goût de la chair et l'écho de leur plaisir glissant sur un palet visqueux.
<Entrée des égouts, Galaxy city>
Son costume violine est dégoulinant, il est livide, son corps exhale un parfum insidieux et persistant, le sergent à son côté est fière, droite et satisfaite. Elle seule ressent la joie de la caresse de la lumière du soleil. Il admire sa force. Au fond de sa mémoire il conserve un souvenir, il l'offrira sans doute à Amanda Peterson en temps et en heure.
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