Au revoir.

- Alors elle a bougé ? demande l’agent de surveillance en pénétrant dans le centre de surveillance vidéo du Service des Opérations Spéciales.
- Non, toujours pas, lui répond sur un ton neutre un autre agent en regardant l’écran de vidéosurveillance.
- Cela fait près de 24 heures qu’elle n’a pas changé de position. C’est la première fois qu’elle tient si longtemps, s’étonne le premier agent.
- Exactement. Faudrait peut-être vérifier que le système n’est pas défectueux, s’inquiète le second agent qui n’a pas quitté l’écran du regard.
- Elle va avoir des crampes si elle reste dans cette position du lotus, droite comme un i. En tout cas moi j’en aurais sans aucun doute.
- Ouais mais toi, tu n’es pas une saloperie de meurtrier que le gouvernement a choisi pour effectuer des missions non officielles.
- T’as raison. Saleté de terroristes. Le pays n’a vraiment pas besoin d’eux.



J’arrive enfin à faire abstraction du bruit provenant de la bouche de soufflage de la climatisation, dernier lien qui retenait mon esprit à cette réalité que j’exècre… la réalité où les misérables tentent vainement de mener leurs pitoyables existences si imparfaites, si méprisables…

Je sens mon cœur ralentir peu à peu, n’irriguant plus que les organes les plus vitaux… la température de mon corps chute fatalement. Je ne ressens plus les petites douleurs qui assaillent quotidiennement cette enveloppe faite de chair et de sang… la supériorité de l’esprit sur le corps, qui en doutait ?

Les dernières pensées, émotions et sentiments qui marquaient encore ce néant infini qui m’entoure, de ces volutes aux couleurs indéfinies disparaissent peu à peu. Je suis bien.

Au loin, j’aperçois un filet de lumière dessiné par l’encadrement d’une porte. Au fur et à mesure que je m’approche, la lueur est de plus en plus intense.

Une porte, j’avais raison. Je la pousse. La lumière blanche se répand dans cette espace infini… je suis éblouie, déboussolée. S’il m’était possible de fermer les yeux c’est ce que j’aurais fait.

Quelques instants plus tard si tant est que le temps ait une influence ici, je reprends mes… esprits ? Devant moi s’étend un champ de trèfles parsemé ici et là de coquelicots rouge vif. Au loin j’aperçois des sommets saupoudrés de neige autour desquels des nuages cotonneux ont élus domicile. Sur ma droite, des myriades de flash lumineux qu’un magnifique soleil m'envoie en se réverbérant dans l’eau claire d’un ruisseau. Sur la gauche, une forêt à perte de vue.

De derrière, provient une douce mélodie jouée au violon rejoint rapidement par une flûte au son cristallin.

« Princesse c’est bien vous ? » fait une voix

Je me retourne. La musique s’arrête.

« Princesse ! », s’exclame ce qui semble être un raton laveur. C’est le joueur de violon. A côté, une renarde blanche, la flûtiste.

- Oui, je réponds naturellement
- Vous êtes revenus !! crie le raton laveur.
- Oh ! lance la renarde qui se met à sourire

En baissant les yeux, je n’avais pas remarqué que je portais une magnifique robe de soi blanche brodé de fils d’argent. Lorsque je passe ma main dans mes cheveux, je trouve coincée entre deux couettes une sorte de diadème.

« Dites vous allez rester cette fois-ci ? Demande la renarde qui s’agrippe à ma robe.
- Oui, sans hésitation.
- Définitivement ? enchaîne immédiatement le raton laveur.
- Oui.

Je ne peux m’empêcher de retenir un rire… c’est le rire d’une enfant.




- Moore, que se passe-t-il avec Vicky Hugues ?
- Tout laisse à penser que…
- Vous ai-je demander de penser, Moore ? Donnez-moi des certitudes. lance sèchement Amanda Peterson.
- Eh bien pour faire court, Vicky Hugues est dans une sorte de… coma.
- Une sorte de coma ? Vous vous foutez de moi !? comment est-ce possible ? Elle s’est droguée ?
- Non, le dépistage est négatif.
- Faites-la revenir.
- Hélas c’est impossible.
- Bon...