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 Dégénérescence

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Memento
Ancien agent
Memento


Nombre de messages : 80
Localisation : Paris
Date d'inscription : 14/11/2005

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MessageSujet: Dégénérescence   Dégénérescence EmptyMar 28 Mar - 20:33

Vengeance

Une longue inspiration puis il relâche lentement l’air de ses poumons, l’exercice dure plusieurs minutes, de temps en temps il n’expire pas immédiatement et plonge dans une apnée contrôlée. Petit à petit il sent son esprit s’engourdir, il est allongé dans son lit, loin des appareils de mesures, du moins loin des plus perfectionné, ici il semble qu’il n’y ai qu’une caméra. Il oubli peu à peu son corps et pénètre dans une transe plus ou moins douloureuse, il joue avec son corps, alterne les hypoxies. La pièce est sombre mais des curieux motifs géométriques dansent devant ses yeux, des tournillons aux couleurs vivent, la nature fractale de ceux-ci ne l’étonne pas, elle reflète sans doute l’organisation extrêmement complexe et structurée de son esprit.

Bien que douloureux l’exercice est payant, maintenant il ressent la violence du sang qui palpite dans ses tempes, il sent également ses pensées se dissoudre, il perçoit plus de chose, l’écho semblable au ressac de certaines personnes, le chuchotement aqueux des conversation secrètes qu’elles tiennent dans la forteresse de leur intimité. S’il avait été plus fort tout aurait pu se dérouler autrement avec InTrigger, parfois son pouvoir le submergeait et il perdait le contrôle, sa conscience s’effaçait devant une autre personnalité plus vaste qui lui restait incompréhensible, il résistait difficilement à cette force écrasante. C’est sans doute ce qui avait perdu le sergent.

Comment avait-elle fait pour baisser la garde qui avait été installée par l’armée ? Il avait constaté cette faille très rapidement, cela avait été comme un appel, son esprit tentaculaire se déployait constamment autour de l’équipe durant les mission et soudain l’un de ces pseudopodes mentaux avait senti une brèche dans le système technologique complexe.

« Memento, activez ! », la voix cassante de Pyrolyse était omniprésente, « InTrigger fermez la marche et faîtes lui accélérer le pas », elle s’était contentée de lui adresser un regard, de manière très brève il eu été possible de cerner la fraternité qui venait de se lier. L’échange avait été très rapide, la télépathie avait cet avantage sur une conversation normale qu’il n’était pas besoin de formuler concrètement les choses. Son esprit s’était brutalement condensé sur cette faille, prêt à envahir la psyché du sergent et à s’imposer pour enrailler les processus décisionnel, et il s’était arrêté. La surprise était de taille, le sergent n’offrait aucune résistance, des images défilèrent très vite, un enfant, des hommes, Crey, Peterson, dont le visage lui paraissait très différent au travers du prisme d’InTrigger, et la proposition très claire. S’enfuir ! Elle lui proposait un plan d’évasion ! Tout semblait s’organiser impeccablement : Perez Park, une diversion, l’attaque par une horreur indescriptible jaillit des profondeur nauséuses de la terre, et la clef de son bracelet, une simple clef magnétique, cinq centimètres sur deux, une puce, la liberté.

Il avait besoin de comprendre comment cela avait été possible, il avait besoin de communiquer avec Wish de la même manière qu’il l’avait fait avec Marlène : librement. Pour l’heure il avait du se contenter d’une impulsion mentale, d’un affect imprimé sur un objet, il était néanmoins persuadé qu’elle avait eu le message et qu’elle agirait dans son sens.

Revue

Quelques heures plus tôt elle avait décidé de prendre une pause. Son travail était pour le moins complexe : travailler dans son propre intérêt tout en laissant croire aux scientifiques qui observaient systématiquement chacun de ses gestes qu’ils comprenaient l’objet de ses expériences. Elle avait délibérément nié pouvoir les aider à miniaturiser les modules de téléportation, néanmoins elle se doutait que l’utilisation d’une couche de polymère dopé n était la meilleure solution mais elle gardait cela en tête pour plus tard, d’autant plus que tout portait à croire qu’il y aurait coalescence tant la couche était mince, deux ou trois épaisseurs moléculaires, un atout à abattre et peut être un moyen de leur faire faux-bond.

Assise élégamment dans le fauteuil club elle parcourait les derniers numéros de Nanoletters et Applied Physics : aucun de ces prétendus scientifiques n’avait encore publié de nouveauté sur les ordinateurs quantiques, le champ restait infiniment libre, ses propres travaux n’avaient pas été publié par d’autres, elle en eu un frisson de joie et un heureux sourire de mépris se dessina sur ses lèvres alors qu’elle jetait négligemment la revue sur la table. Nature titrait sur les nouvelles géométries, sans doute inintéressant mais elle céda. Alors qu’elle fit glisser son pousse sur la bordure extérieure du journal pour en avoir un aperçu son regard fut troublé par le titre d’un article : Virology - good use of the Vaz’s plague, comment un tel article était-il possible ? Elle ouvrit la revue et fit tourner les pages une à une : rien. Le sommaire n’indiquait pas non plus cet article. Elle fronça les sourcils et ses yeux félins se plissèrent dans un mouvement qui ne démentait en rien le signe astrologique que Victor avait décelé en elle : prudence et ruse.

Dans une pause mi-songeuse, mi-boudeuse elle fit de nouveau défiler les pages plus près de sont visage, le soldat en faction n’y vit qu’une coquetterie de femme souffrant de la chaleur, il se retint de lui demander si elle souhaitait qu’il fasse baisser le chauffage car sa hiérarchie ne semblait pas particulièrement apprécier cette femme pourtant désirable. « Trop futée pour toi lui avait dit le sergent Intrigger, méfies toi ». Les mots défilaient, l’illusion était parfaite, il avait été particulièrement astucieux. Elle repensa à la dernière mission, l’entière folie de la gamine, la rage de Memento, feinte ? Pyrolyse ne gérait pas les situations de crises, ces mutants avaient des pouvoirs qui le dépassaient et Luke avait profité de la panique pour agir. Elle avait placé les deux ampoules qu’il lui avait remises parmi les instruments optiques de manière assez évidente, mais aucun des scientifiques n’avait remarqué ! Deux lentilles parmi d’autres.

Le système d’aération qui menait au bureau de Peterson était malheureusement indépendant, la solution devait se trouver ailleurs. Il avait sans doute une idée derrière la tête, elle s’occuperait de la vectorisation des particules virales, il ferait le reste.

Don

Le Docteur avait averti A. Peterson que Memento semblait de mieux en mieux contrôler ses capacités télékinésiques. Lors d’une crise assez violente, au retour d’une mission, il avait montré qu’il pouvait désormais soulever son propre corps de manière inconsciente. Il y parvenait maintenant de manière consciente, non sans fatigue cependant. Ces jours derniers il avait fait preuve d’une affabilité surprenante malgré la disparition de la jeune Amandine qui l’avait poussé dans une rage flagrante. Il était bien entendu possible que le traitement ait des effets comportementaux mais Nigel semblait plutôt croire que Luke souffrait de cyclothymie. Le cadre dans lequel évoluaient les détenus n’était évidemment pas propice à leur épanouissement personnel…

Il avait demandé de nouveau un entretien avec Peterson bien qu’elle l’en ait dissuadé. Il lui avait expliqué qu’il désirait la voir pour lui parler de son évolution, de vive voix. Peterson avait fait savoir qu’elle acceptait via Calvin.

Le bras droit de Peterson le précédait de quelques pas et il eut un haut le cœur en respirant le parfum bon marché dans son sillage. Luke pénétra dans le bureau avec assurance, le lieutenant était là, cela ne changeait rien.
- « J’espère que vous ne nous dérangez pas pour des pécadilles Memento », le ton était ferme et en harmonie avec le regard froid qu’elle lui adressa,
- « Comment oserais-je ! », dit-il en levant la paume de ses mains dans un geste qui se voulait plein d’innocence,
- « Je ne vous propose pas de vous asseoir venez-en au faits ; si vous venez ici m’annoncer que vous parvenez enfin à vous arracher au sol ce sera une redite, je suis déjà au courant. »,
- « Je… », il paraissait déconcerté,
- « Et bien entendu, cela ne change strictement rien à votre condition. », dit-elle en plaçant ses coudes sur le bureau, les mains jointes dans une posture agaçée,
- « Oui », il avait vite repris sa contenance, « J’avoue que je ne doute pas une seule seconde que vos chiens vous rapportent… »
- « Luke, mesurez vos paroles », le coupa Pyrolyse.
Il porta la main à son veston, elle souriait et paraissait dominer la situation de toute sa terrible présence.
- « Je ne suis pas uniquement venu pour cela. » dit-il en sortant un pilulier de sa poche. Il pris une gellule dans sa main et fit le tour de la pièce du regard. « Je voudrais savoir si vous avez retrouvé The Joke. »
Elle le jaugea, les rapports que lui avaient remis ses employés l’avaient toujours aiguillé pour juger les prisonniers, elle écoutait aussi et toujours son instinct, où voulait-il en venir ? Elle désigna un verre sur la table près d’une bouteille d’eau.
- « Memento tout ceci n’est pas de votre ressort, vous n’avez pas à vous soucier des autres prisonniers, concentrez vous sur ce que l’on vous demande. L’incident qui a eu lieu lors de la précédente mission n’est pas de votre ressort. »
Il rempli le verre fébrilement, des sueurs froides coulaient dans son dos. « Par ailleurs lors de cet incident le transpondeur dont vous êtes équipé a indiqué que vous avez effectués des mouvements à une altitude supérieure de plus de 10 mètres à celle du sol, avez-vous une explication à me fournir ? ». Il tremblait, elle le poussait dans ses retranchements, il n’avait pas le dessus et cette dernière question sembla particulièrement l’affecter. Le verre éclata sous l’impulsion de son esprit éclaboussant le bureau.
- « Luke maîtrisez-vous ! », lâcha Pyrolyse qui s’approcha vivement de lui.
La pastille bleue roula au sol. Un bref échange de regard entre Peterson et Memento.
- « Raccompagnez le dans sa cellule où il sera consigné deux jours. » dit-elle aux gardiens.
Pyrolyse ramassa délicatement la pastille bleue et demanda à ce qu’elle soit envoyée en analyse, en vain comprit-il plus tard. Pendant ce temps l’atmosphère s’était remplie localement de particules virales.

Ophélie

« Madame… », le professeur Faraday avait du mal à prononcer ces paroles, « vous… vous êtes également infectée par une souche de Vazh-D4 », elle déglutit en prononçant ces mots. Ce fût la première fois qu’elle vit Peterson trésaillir.

Il se remémorait Ophélie et souriait à l’évocation de quelques vers :
(…) Alourdis
Par ce qu’ils avaient bu, ses vêtements
Prirent au chant mélodieux l’infortunée,
Ils l’ont donnée à sa fangeuse mort.(…)

Et maintenant elle entendra aussi le chant terrible, les voix qui chuchottent et dévorent l’âme et le corps.
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